Sophie Delavis Setton - Thérapie individuelle

Ecouter la force de guérison

Mon expérience de psychopraticienne et de psychanalyste symbolique m’a peu à peu amenée à adopter le point de vue suivant : en chaque être humain une dynamique de changement est à l’œuvre, mue par une énergie de vie qui à la fois nous est propre et nous dépasse, qui nous anime. C’est ce que Jung a appelé le Soi, puissance de vie à l’œuvre dans la psyché, propre à aider chaque personne à devenir qui elle est, dégagée des programmes diluants ou pathologiques de l’inconscient familial et collectif.

Cette dynamique est le troisième terme d’une séance de thérapie, ou peut-être est-il plus juste de dire le premier, et son œuvre sera facilitée par la qualité de relation instaurée entre client et thérapeute, la fameuse alliance thérapeutique. Œuvre facilitée, mais non maîtrisée car cette dynamique échappe au contrôle du moi. Elle n’est pas démontrable, seulement connaissable par l’expérience. Elle n’est ni quantifiable ni prévisible, elle EST, c’est tout. D’aucuns l’appellent « Tout Autre », ce qui exprime bien qu’elle réside dans l’au-delà des mots.

J’ai développé ce thème dans mon ouvrage : « Les rêves, langage de l’âme ». En effet le rêve est une aide fantastique pour percevoir cette dynamique puisqu’il en est porteur. Il avance d’emblée une proposition hors du contrôle de notre moi conscient, proposition toujours aimante et pédagogique , merveilleuse de créativité et d’autonomie. Il suffit juste de savoir la contempler et la décrypter…

J’en prendrai pour exemple le rêve suivant ( cité dans mon ouvrage ) : Aurélie a 40 ans, elle est en plein questionnement concernant sa créativité, et elle reçoit ce rêve :

On me dit que le potentiel est là mais qu’il ne peut pas se réaliser aujourd’hui parce que je suis dépressive. Au réveil, j’ai l’image d’un papillon aux ailes collées.

Aurélie traverse en effet une période de découragement et de dévalorisation. Un nouveau souffle est à trouver mais elle « patine » …jusqu’à ce rêve, à propos duquel elle s’exprime ainsi : J’ai eu l’impression qu’un être bienveillant mais ferme était venu se pencher sur moi et me parler. L’affirmation que le « potentiel est là » m’a tout de suite rassurée. Je l’ai vécu comme une restauration de moi-même.

L’image du papillon a beaucoup impressionné et rassuré la rêveuse : ce sont les jeunes papillons, ceux qui viennent d’éclore, qui ont les ailes collées. Il s’agit donc d’un début, d’un envol programmé par la Vie, qui aura lieu de toutes façons, il suffit pour cela de laisser sécher les ailes, ce que nous pouvons associer à prendre le temps de la naissance, de la sortie des eaux matricielles de l’inconscient. Aurélie l’associe également à « sécher les pleurs » : consoler ses peines, traiter ses peurs, comme elle l’a fait ensuite dans sa thérapie. Elle témoigne de l’effet positif du rêve : J’ai très vite retrouvé un fond de solidité, le reste prendra du temps, mais cet aspect était aussi contenu dans l’image du papillon : pour décoller des ailes, on ne tire pas dessus, sinon elles se briseraient. Quand je m’impatiente, j’y repense !

J’aime citer ce rêve que je trouve si représentatif de la « merveille » qui nous accompagne de l’intérieur…et de la joie qu’il y a à lui laisser toute sa place !